Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Soumission. Abdication. Désertion. Voilà les mots qui me viennent à l’esprit tant nous perdons nos esprits en Europe. Personne ne veut plus penser et comprendre ce que veut dire la liberté.
La liberté c’est la possibilité de choisir collectivement un destin. La liberté, par définition, ne peut se concevoir et s’exprimer que dans un cadre respectueux de la souveraineté.
Cette souveraineté peut être nationale, elle pourrait même dans l’absolu être européenne, sous réserve que l’Europe soit autre chose justement qu’un outil de propagande pour assurer, au mieux, notre soumission aux intérêts américains, intérêts qui ne sont plus depuis bien longtemps les intérêts du peuple américain mais ceux du totalitarisme marchand incarné par le “big business” et ses multinationales prédatrices aussi bien des hommes que des âmes ou des ressources.
L’Europe “contractuellement” sous tutelle américaine !
C’est le journal britannique The Independant (pour qui le nom même du journal doit encore signifier quelque chose) qui a sorti l’information en divulguant un document obtenu par le groupe d’action indépendant Corporate Europe Observatory (CEO) au cours des négociations entre l’UE et les États-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).
“Ce dernier a révélé qu’une commission non élue sera mise en place : elle aura le pouvoir de décider dans quels domaines une coopération avec Washington devrait avoir lieu, en écartant ainsi les États membres de l’UE et le Parlement européen.
L’objectif principal du TTIP est d’harmoniser les règles transatlantiques dans un éventail de domaines, y compris la sécurité alimentaire et les produits de consommation, la protection de l’environnement ainsi que les services financiers et bancaires.
Ce document montre un labyrinthe de procédures qui pourraient ligoter toutes les propositions de l’UE allant à l’encontre des intérêts des États-Unis, estime le groupe d’actions.
Selon les procédures révélées par le document, les autorités réglementaires américaines auront un “rôle discutable” dans le processus législatif de Bruxelles et affaibliront ainsi le Parlement européen.
Nick Dearden, directeur du groupe d’action britannique Global Justice Now, affirme que c’est “effrayant” que les États-Unis puissent obtenir le pouvoir de contester et de modifier les règlements européens avant que les politiciens européens aient l’occasion d’en discuter”.
Le Traité transatlantique est en réalité la mort de toute idée européenne !
Je suis atterré d’entendre le silence.
Je suis atterré de voir les “progressistes” européens “bêlant” l’Europe en permanence ne pas se rendre compte qu’un tel traité est la mort de toute idée européenne, le faire-part de décès de toute souveraineté de l’Europe ou encore la disparition du concept de Fédération des États-nations européens dans ce que beaucoup rêvaient comme les “États-Unis d’Europe”.
L’Europe affaiblie, divisée, soumise, ouverte aux quatre vents n’est plus rien. Incapable de nous rêver, de nous imaginer un destin commun, il ne reste plus qu’à démanteler ces structures avant qu’elles ne produisent leurs effets délétères car en Europe, vieux continent chargé d’histoire, lorsque les choses se passent mal, généralement elles ne finissent pas bien du tout et nous en prenons sans conteste le chemin.
Sur un tel sujet, sur un tel traité, sur de telles dispositions, nous devrions avoir de gauche à droite, en France et ailleurs, une union européenne évidente de tous les citoyens, de toutes les forces politiques et syndicales, une union de ceux qui croient en une Europe souveraine, comme de ceux qui la rejettent car dans tous les cas, un tel traité est la négation même de cette idée de souveraineté : qu’on la rêve au niveau d’une nation ou des Etats-Unis d’Europe, dans les deux cas… c’est une soumission, un abandon, une résignation.
Ce traité signera notre mise en esclavage non pas par les États-Unis, mais par les grandes entreprises qui ont su par la corruption, par l’argent et par la force médiatique prendre le contrôle de la classe politique américaine.
Vous avez sous les yeux l’avancée du totalitarisme marchand. Le problème c’est qu’il est protéiforme, transnational, qu’il n’a pas d’armée d’occupation, qu’il n’a pas de leader, il n’a pas de parti politique, et pourtant, il est un totalitarisme aussi dangereux et violent que tous les autres.
Son immense force réside dans le fait qu’il n’est pas “incarné”. Pourtant, il existe, il est un parasite logé dans des hôtes sains dont les comportements progressivement s’altèrent. Ces hôtes, qui à l’origine étaient sains, sont des organisations politiques, des ONG, des médias, ou encore évidemment des nations et des États dont la politique et les actions ne servent plus les peuples et les gens mais les intérêts financiers d’une infime minorité.
Face à un tel ennemi, sans doute le plus redoutable que nous ayons eu à affronter (parce qu’il avance masqué et à travers d’autres sous des atours séduisants), nous ne devons pas nous décourager mais sans cesse dénoncer et informer. Cette guerre contre ce totalitarisme ne se gagnera pas avec des armes mais avec des mots. Il ne pourra y avoir de victoire qu’à travers des idées que nous ne devons pas abandonner. Ces idées de liberté, de nation, de souveraineté, ou encore de démocratie, de justice et de loi ne doivent pas se faire confisquer par euthanasie de la pensée et insultes de la bien-pensance, autres outils de ce totalitarisme marchand qui doit supprimer les obstacles sur les chemins de son expansion.
Toutes celles et ceux qui pensent la liberté, la justice, la démocratie et la nation comme cadre d’expression sont évidemment autant de freins à ce totalitarisme en marche.
Ne désespérons pas, “la nuit finira”.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Charles SANNAT